Neisson sous la pluie !

A peine 24 heures que nous sommes en Martinique et déjà les deux pieds dans l’une des plus belle et authentique distillerie de l’île : Neisson !

Débuter par la visite de la distillerie Neisson c’est comme être jeune permis et acheter une Porsche… En effet, la qualité des jus et le savoir faire est excellente.

Dès nos premiers pas dans la distillerie, le charme opère… De grands bâtiments colorés et un parfum de canne à sucre distillée nous accueillent ainsi qu’un jeune homme nous proposant une visite guidée. Alors, c’est parti !

 

Pour commencer, un petit d’historique

La distillerie Neisson a été créée dans le Nord-Ouest de l’île au domaine Thieubert dans la commune du Carbet en 1932 par Adrien Neisson.

En 1939, vient se greffer Jean Neisson frère d’Adrien et premier homme noir à obtenir un diplôme d’ingénieur chimiste. Jean Neisson mettra son savoir faire à l’oeuvre jusqu’à sa mort en 1986 et passera le flambeau à Emmanuel Fedronic qui, lui aussi, donnera son temps et sa passion à la distillerie jusqu’à ses 86 ans en 2006 où il est parti rejoindre les anges pour continuer à boire le rhum.

Entre temps, en 1995, c’est Claudine Neisson, fille de Jean Neisson qui prit la tête de la distillerie très vite épaulé par son fils Grégory.

L’année dernière, la distillerie a fêté ses 85 ans d’existence et est reconnue pour son savoir faire exceptionnel et son respect du produit.

 

En ce qui concerne la production, Neisson c’est 12 variétés de cannes à sucre sélectionnées, plantés sur 42 hectares. Ces douze hybrides sont autorisés parmi tant d’autres dans l’appellation (la seule au monde) AOC Martinique et, selon notre hôte, le top du top de la canne !

Sur ces 42 hectares de cannes à sucre, 3 à 4ha sont cultivés en Agriculture Biologique. Dans un futur proche 2ha de plus vont être convertis en AB.

 

Pourquoi “si peu” en agriculture biologique ?

 

Premièrement, pour un souci de rendements… l’agriculture biologique réduit considérablement les rendements. Secondement pour un souci de coût de la main d’oeuvre, l’agriculture biologique oblige une attention toute particulière et de nombreux passages dans les parcelles. Si tout le domaine était en bio, les prix exploseraient.

 

Pour l’anecdote, chaque type de canne à sucre à son propre nom mais aussi son propre code. Le code traduit la provenance de l’hybride, son année de création et le numéro se l’hybride. Pour exemple la canne vanille porte le code B 51.129. B = Brésil, 51 = hybride créé en  1951, 129 = Hybride n°129.

Pourquoi des hybrides ?

Les cannes à sucre d’origine ont de nombreux prédateurs, les rongeurs mais aussi les humains. Afin de protéger les cannes, les scientifiques ont créé des variétés de cannes “dures” pour rendre la texture plus ferme afin que les rongeurs et les humains ne puissent croquer dedans directement !

Chez Neisson, la production est d’environ 400 000 litres par an, lorsque l’on sait que 17 litres de rhum sont consommés chaque seconde dans le monde … La production annuelle de la distillerie Neisson serait alors absorbée en un peu plus de 6 heures et 30 minute !

En ce qui concerne la production, une fois récoltées, les cannes à sucre sont broyées dans le moulin d’origine datant de 1940. Au vu de l’age du broyeur, des marques d’usure apparaissent mais cela coûterait trop cher de changer les pièces… Neisson décide alors de ressouder morceaux par morceaux sur le broyeur. On peut distinguer les soudures en couleur argent sur la photo.

 

 

Après avoir broyé puis extrait le vesou (jus de canne), ce dernier est mis dans de grande cuves en fermentation par parcelles et par variété de canne. Neisson a mis au point un processus de fermentation long (entre 3 et 5 jours quant à 48h classiquement) grâce à leur propres levures indigènes (naturelles) brevetées.

 

Passons à l’étape de la distillation, celle ci est faite dans une colonne Savale, donc une distillation en continu. Le vin de canne est alors chauffé, l’alcool se sépare du reste du vin et ressort de la colonne sous forme de rhum. Un rhum blanc titrant à 72% qui sera alors à nouveau isolé et mis en vieillissement ou en cuve (pour les rhums blancs).

 

Après ces étapes, c’est à ce moment que le maître de chai rentre totalement en jeu, il va choisir les différents fûts, les assemblages et les vieillissements du rhum.

 

L’emblème de Neisson : Un grand voilier.

Ce voilier représente le bateau qui a acheminé l’alambic depuis la France métropolitaine jusqu’en martinique et qui est repartie les cales remplies de rhums pour payer le fabricant !

Le second emblème de Neisson sa bouteille … une bouteille aux “Zépol Karré”. A l’époque, en 1930, il y avait 140 distilleries sur l’ile .. il fallait donc se différencier et comme Adrien Neisson avait les épaules carrées, la forme de la bouteille était idéale !

Si vous vous baladez en Martinique, demandez un ti’punch aux “Zépol Karé” , vous aurez à coup sûr un verre de Neisson !

Place à la dégustation

Ici, pas de crachoir, on fait honneur au produit. Autant vous dire que nous n’avons pas tout dégusté, pas très raisonnable lorsque l’on enchaine par la distillerie Depaz après ! 

 

Neisson blanc 52,5% : Pourquoi 52,5% ? Parce que certains amateurs de Neisson trouvait le rhum blanc à 50% trop léger et le 55% trop « costaud ». Neisson a alors eu l’intelligence et la subtilité de créer une cuvée à 52,5% d’alcool pour mettre tout le monde d’accord ! Pas mal non ? En ce qui concerne la dégustation, les arômes de canne à sucre sont bien présents, on voyage dans les parcelles rien qu’à mettre le nez dedans. En bouche, un bel équilibre entre gourmandise et vivacité, un rhum qui appelle au ti punch !  

 

Neisson Bio 52,5% : Il est intéressent de comparer cette cuvée et la cuvée non bio à 52,5%. La manière de faire est la même mais dans le verre, rien à voir. La cuvée Neisson Bio est bien plus envoutante au nez, les arômes de canne sont encore plus présents et charmeurs. En bouche, plus de rondeur, de longueur et moins de sensation d’alcool. Un vrai coup de coeur pour ce rhum ! 

 

Esprit de Neisson Bio 66% : On titre tout de même à 66% d’alcool, l’idéal étant de déguster ce rhum bien frais. C’est un rhum de dégustation, il n’est pas nécéssaire de rajouter sucre et citron pour l’aprécier. C’est un plaisir à lui seul, en effet, au nez et en bouche on retrouve des notes citronnées alliées à la finesse de la canne à sucre et surtout une longueur interminable ! Ne prenez pas peur du degré d’alcool de ce rhum, il ne se sent pas du tout … foncez le déguster !

Hasta la Vignasse (mais avec un Ti punch dans les mains) !

Topette et Boujou

Les VitinéRhums

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