La distillerie Depaz

Après avoir fait le plein d’épices, de légumes pays et de fruits au marché de Saint-Pierre, direction la distillerie Depaz au pied de la montagne pelée souvent cachée derrière les nuages mais par chance, ce jour là … nous avons pu admirer la totalité de sa belle robe verte !

Le lieu n’a rien à voir avec notre précédente visite chez Neisson. Certainement moins artisanale mais plus clinquante avec de grands bâtiments un magnifique parc arboré et une habitation somptueuse dit « château ».

En effet, l’histoire de la distillerie Depaz est unique … 

En 1638, l’habitation « La montagne » produit essentiellement de l’indigo et du pétum (tabacs) puis, en 1651, se met à produire de la canne à sucre.

Au XVIIIè siècle, elle participe activement au développement de la ville de Saint-Pierre, à l’époque en compétition avec Fort de France pour être la capitale de la Martinique.

Au XIXè siècle, la famille Pécoul devient propriétaire et développe avec succès la marché du Rhum où la production s’écoulera vers l’Europe grâce aux navires marchands.

A quelques pas de là, la famille Depaz effectue la même activité.

Le 8 mai 1902, c’est le drame à Saint-Pierre. La ville entière est détruite suite à l’éruption du volcan de l’ile, la Montagne Pelée. Un seul survivant à cette catastrophe, la totalité des plantations environnantes sont détruites ainsi que toute la ville de Saint-Pierre.

Victor Depaz, dont la famille disparu au moment de l’éruption alors que lui était en étude à Bordeaux, racheta 521 hectares de friches de l’habitation Pecoul.

 

 

Ruines du theatre de Saint-Pierre, Martinique

 

Le 8 mai 1917, 15 ans exactement après le drame, il remet en route la distillerie sous le nom de Depaz.

L’achèvement de la construction de l’habitation (« château ») fut officielle en 1922. Victor Depaz l’appellera « La montagne » comme le gouverneur de l’époque l’avait fait en 1638. Dans cette maison, Victor Depaz et sa femme auront 11 enfants afin de permettre au nom Depaz de ne pas disparaitre !  

En 1986, André Depaz, fils de Victor, succède à la tête de la distillerie et s’associe avec le groupe familial bordelais « Bardinet ». Aujourd’hui c’est la société « La Martiniquaise » qui est propriétaire de Depaz (parmi tant d’autres distilleries comme Dillon ou Saint James …)

Après l'histoire, la visite de la distillerie

Le lieux est magnifique, au pied de la montagne pelée et face à la mer. La situation de la distillerie à de quoi faire rêver les visiteurs.

Un magnifique moulin à eau récupère l’eau de la montagne Pelée pour alimenter la distillerie, un Caoutchouc (arbre) gigantesque planté en 1960 au milieu des différents bâtiments (qui a d’ailleurs failli tuer l’un d’entre nous) mais aussi la somptueuse habitation.

 

 

Depaz, c’est 250 hectares de canne à sucre récoltée sur 5 mois, entre février et Juin. C’est aussi 25 000 litres de rhum produits par jour.

En ce qui concerne la production, le processus est plutôt classique. Ce qui rend unique les rhums Depaz c’est son terroir sur des sols volcaniques mais aussi la pureté de l’eau utilisée, celle de la montagne pelée.

Afin d’extraire un maximum de jus de canne à sucre, les cannes passent successivement dans 4 moulins broyeurs.

Les jus extraits partent en fermentation durant 48h alors que la bagasse (résidus de canne à sucre) est utilisé pour alimenter les chaudières des colonnes de distillation.

 

Un fois la fermentation terminée, les vins de cannes sont distillés dans les 3 différents alambics à colonnes créoles.

Le vieillissement des rhums se fait lui dans des foudres de différentes tailles ou dans des tonneaux classiques.

Un petit tour par la boutique est de mise, non pas pour les magnifiques Doudou magnets mais pour pouvoir admirer les vieilles bouteilles comme le millésime 1929 ou 1950 et surtout le magnifique coffret avec un Depaz Prestige en carafe. De quoi nous mettre l’eau à la bouche !

 

Les rhums Depaz ayant retenu notre attention :

Depaz millésime 2002 : Pour les 100 ans de l’éruption de la montagne Pelée, la distillerie Depaz a sorti une cuvée exceptionnelle élevée 11 ans en futs de chêne. Une cuvée dotée d’une élégance toute particulière. L’attaque est gourmande sur des notes pâtissières comme le caramel, on y retrouve un coté pain aux raisins. On sent le jus de canne à sucre vieilli et finement boisé. C’est un rhum plutôt suave en bouche relevé d’une puissance qui lui ramène de la longueur.

 

Depaz Port cask finish: c’est un rhum Hors d’âge qui a passé 8 ans en petits futs de chêne puis 11 mois en futs de porto. De nature caractérielle à l’attaque on retrouve la finition porto qui lui amène de la rondeur en fin de bouche. Des notes d’agrumes très légères (zeste de citron) viennent relever le tout. Belle longueur également, un charme qui devrait en faire tomber plus d’un(e)s.

Et bien entendu … on finit par un Ti Punch

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